Grandir ensemble

Grandir ensemble

Réveils et pipis nocturnes

Lors de l'émission de radio "Lorsque l'enfant paraît" que Françoise Dolto a animé sur France Inter, en compagnie de Jacques Pradel, entre 1976 et 1978, la psychanalyste pour enfants répondait aux lettres envoyés par des parents qui se posaient des questions sur l'éducation. L'ouvrage en 3 tomes intitulé Lorsque l'enfant paraît retranscrit certains moments de cette émission.

 

Lorsque l'enfant paraît, Françoise Dolto, éditions du Seuil, 1977, tome I, p. 61-65 :

 

Jacques Pradel : "[...] Revenons au réveil nocturne : à ces enfants qui se réveillent au milieu de la nuit et qui commencent à pleurer. [...] Une petite fille de 3 ans, qui est, dit sa mère, d'ailleurs très équilibrée. Nonobstant, depuis 3 mois, elle se réveille toutes les nuits. Alors, la mère s'est livrée à une petite enquête personnelle auprès d'amies à elle, qui ont également des enfants très jeunes qui se réveillent souvent 3 ou 4 fois par nuit : "Je suis allée voir mon pédiatre, pour lui dire que j'étais contre le fait de me trouver ainsi réveillée, parce que je n'allais pas tenir longtemps à ce rythme-là. Je lui ai demandé des calmants pour l'enfant mais il me les a refusés. Moi, je suis pourtant pour les calmants et pour le retour aux couches, la nuit." [...] cette mère dit que, lorsque la petite fille se réveille, c'est pour crier "Maman ! Maman !" ou "De l'eau !" ou "Papa !" et, si rien ne se passe, après c'est le drame, les cris."

 

Françoise Dolto : "[...] Ca aiderait certainement la petite fille si, de temps en temps, c'était le père qui venait la calmer, en lui disant : "Chut ! Maman dort. Il faut que tout le monde dorme. Dors."

Il y a aussi de petits aménagements de la chambre à coucher de l'enfant, que la mère pourrait faire. Que l'enfant ait toujours près d'elle un verre d'eau, sur la table de nuit. Beaucoup de pipis au lit (je dis cela à cause des couches dont elle parle) disparaissent quand l'enfant a de l'eau près de lui. Chose tout à fait paradoxale pour les parents ! Cela vient de ce que l'enfant, un peu inquiet ou angoissé, a besoin d'eau. Or, la manière immédiate de "faire" de l'eau, c'est de pisser au lit ; la deuxième, c'est de boire. [...] C'est peut-être une enfant qui a des craintes nocturnes ; à 3 ans, c'est normal. Ca arrive à nouveau à 7 ans, plutôt sous forme de cauchemars. A 3 ans, c'est le réveil : rechercher sa maman, redevenir petit et être de nouveau près d'elle, parce que c'est l'âge où on grandit en acquérant la conscience d'être fille ou garçon."

[...]

 

J. P. : "L'autre lettre concerne un adolescent de 14 ans. Ce garçon a, dit-on, une angoisse nocturne, une peur maladive de l'obscurité, depuis l'âge de 7 ans. Il s'endort et, quelquefois, lorsqu'il se réveille au milieu de la nuit, il a peur."

 

F. D. : "C'est donc à 7 ans qu'il a commencé. [...] ; en fait à 7 ans, tout enfant a des cauchemars 2 ou 3 fois par semaine, au moins. Pourquoi ? Parce que c'est l'âge où ils doivent faire la différence entre aimer bien et aimer avec désir. Le père et la mère ont l'un pour l'autre qu'ils s'aiment bien aux yeux de l'enfant, mais ils ont en plus le désir et l'intimité de leur chambre à eux à préserver. Cet enfant, dans le noir, est habité d'angoisse...Maintenant depuis 7 ans qu'il traîne ces angoisses, il a 14 ans et il est grand temps qu'il aille parler à un psychothérapeute, de préférence un homme, pour qu'il puisse exprimer librement ses cauchemars et en comprendre le sens. A 7 ans [...] l'enfant a des cauchemars à propos de la mort de ses parents, ce qui est excellent, normal et inévitable. Il faut que son enfance meurt en lui  [...]"

 



24/06/2019
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 33 autres membres